Critique ciné : Jurassic World
21 juin, 2015Monument des 90′s et de l’histoire du cinéma en général (oui, rien que ça), le cultissime premier Jurassic Park avait ouvert la voie à deux suites dont la qualité allait déclinant avec régularité, ce qui n’augurait logiquement rien de bon pour le quatrième et explique peut-être pourquoi il aura fallu attendre plus de dix ans pour que nous arrive ce Jurassic World. Lequel, afin de renouer avec la réussite originelle, décide rien de moins que de décalquer le film de Spielberg. Mais vraiment. Comme ça, en toute simplicité. Il est en effet effarant de constater comment nombre de situations, plans, lignes de dialogue ou autres éléments nous replongent directement en 1993, au-delà du clin d’oeil complice puisque le scénario tient davantage du remake que de la simple suite (la seule vraie nouveauté est que pour la première fois dans la saga, les militaires parviennent à tuer des dinosaures). Le gros souci, c’est que le nouveau-venu Colin Trevorrow – dont le premier long-métrage, Safety Not Guaranteed, est direct passé chez nous par la case téloche – n’est pas Spielberg, loin de là. On l’a dit, nombre de scènes évoquent donc clairement Jurassic Park et cela se fait en plus paresseusement, sans une once d’inventivité même dans la plupart des scènes d’action. Là où le papa de E.T. l’extraterrestre exploitait la moindre péripétie jusqu’à la moelle, usait de toutes les ressources de ses décors, on se contente ici d’enchaîner les séquences sans rien développer, ce qui annule par le fait toute velléité de suspense (on ne sursaute pas une fois) ou de caractérisation (les personnages sont de pâles agglomérats de ceux des précédents opus, dommage car le casting n’était pas si mauvais si l’on excepte les enfants avec de bonnes têtes à claques). Et en même temps les responsables ont l’air de s’en battre franchement les steaks, une sorte de cynisme quelque peu puant planant sur le film et le conduisant à flirter avec le bon gros Z à la The Asylum ou autres téléfilms fauchés. Comme dans ce genre de productions bas de gamme, on ne craint pas le ridicule (les discussions entre dinosaures, qui déjà ne fonctionnaient pas dans le troisième volet réalisé par Joe Johnston) ou le n’importe quoi, le dinosaure génétiquement modifié nous ramenant en un éclair à la triste époque des Carnosaur. Ils en ont bien conscience en plus, les cochons, comme en témoigne ce petit dialogue de B.D. Wong où ils reconnaissent ouvertement faire n’importe nawak sous prétexte que c’est ce que réclame le public, donc nous. Sauf que non, désolé les gars, mais ce n’est pas franchement ce qu’on voulait voir. Et d’ailleurs, même si ce Jurassic World peut se révéler gentiment divertissant et comporte deux, trois scènes plutôt réussies (la mort du diplodocus ou la chevauchée avec les raptors qui ironiquement nous faisait très peur dans le trailer), il est légitime de se demander s’il y a un quelconque besoin de le voir. A la place, et si vous le pouvez, refaites-vous plutôt le premier en Blu-Ray 3D, ça pète autrement.