
Pourquoi ? Pourquoi, Seigneur, est-ce que je me fais avoir (presque) à chaque fois par Tarantino ? Peut-être est-ce à cause des promesses que font ses films, vendus comme des moments de fun cinématographique absolu (matez un peu l’affiche !) ? Peut-être est-ce à cause de ses talents de réalisateur, parce qu’il en a, l’animal ? Ou bien peut-être est-ce la faute à sa tronche de cartoon sous acide ? Toujours est-il que, exception faîte de Kill Bill vol.1, je pense à chaque fois voir un bon film et je me retrouve à me faire chier devant une péloche bavarde et… bah non, en fait, son seul vrai GROS et ENORME problème sont les dialogues, sa marque de fabrique. Et moi, les persos qui parlent pendant une heure et demie pour ne rien dire et laisser l’histoire stagner, je n’appelle pas ça un moment de fun cinématographique absolu. Boulevard de la Mort correspondant parfaitement à cette description.
« Deux groupes de filles vont faire la rencontre, malheureuse, de Stuntman Mike, un ancien cascadeur qui, au volant de sa voiture à l’épreuve de la Mort (Death Proof, le titre en v.o.), aime à écraser les jeunes femmes comme d’autres les hérissons« .
Ça papote donc sévère dans ce film, autour de sujets dont l’intérêt vous fait frôler l’apopléxie cérébrale (sérieux, à un moment, je commençais à saigner des oreilles), et on se demande alors où sont passées les promesses d’un slasher avec, en lieu et place d’un couteau, d’une hache, ou d’une perçeuse, une voiture super flippante conduite par un véritable bad-ass motherfucker. Le bad-ass motherfucker (Kurt Russel, Snake Plissken forever) est bien là, c’est vrai, mais le slasher… je sais pas, peut-être j’ai dormi sans m’en rendre compte. Parce que mis à part une scène de meurtre exploitant son sujet et quelques éléments ici où là, le reste du film est tellement noyé sous ses dialogues que l’on a l’impression de regarder une version un peu trash de Sex and the City (sans mentir, les héroïnes passent plus de la moitié du film autour de tables diverses, à boire et à parler). Quand, en plus, les dialogues sont débités par des personnages inintéressants au possible (mention spéciale à Zoe Bell, cascadeuse de son état jouant son propre rôle et trouvant le moyen de mal le jouer) (mais alors vraiment, VRAIMENT mal), on a vite fait de décrocher et d’attendre simplement que ça veuille bien finir.
Par contre, côté technique, il n’y a rien à redire. Tarantino sait vraiment faire de la belle image et, si ça n’aide pas à rendre les dialogues plus digestes, ça porte par contre les autres scènes à un vrai niveau de plaisir sur pellicule. La mise à mort du premier groupe de pétasses (ne voyez pas là l’expression d’un sexisme quelconque : ce sont vraiment des pétasses) est ainsi un pur bijou de montage, à la fois totalement chaotique et parfaitement ordonné. Autre excellent point : la course poursuite finale bien tendue, avec de belles cascades et de la bonne tôle froissée, et cela malgré ses héroïnes peu crédiblement hystériques et revanchardes.
N’étant pas famillier des films GrindHouse, peut-être alors suis-je passé à côté de ce que le film voulait faire, ou reproduire. Peut-être même est-ce à dessein qu’il soit coupé en deux parties distinctes, donnant l’impression de regarder deux moyen-métrages n’ayant en commun que le perso du méchant (ce qui devrait logiquement faire de lui le héros, mais comme on le voit moins que le derrière des actrices…). Ou bien encore, peut-être est-ce fait exprès qu’il soit nul et que c’est pour ça qu’il est bien, en réalité (?). Dans tous les cas, je me suis encore fait avoir par le sieur Tarantino avec ce film qui est une véritable arnaque. Espérons que le Planète Terreur de Rodriguez saura relever la barre (ce qui ne sera pas très dur).